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20 septembre 2011

L' Armée Furieuse

L_arm_e_Furieuse554L’armée furieuse
Fred Vargas
Viviane Hamy
ISBN : 978-2-87858-376-2

Mai 2011



Voici la version 2011 des aventures d’Adamsberg. Au fil du temps et d’une large dizaine de romans policiers (ou rompol comme on dit maintenant), nous nous sommes attaché au Pelleteur de nuages, policier asocial incapable de mémoriser les noms de ses collaborateurs,   à son  caractère brouillon  mais intuitif, plus habile à résoudre  les énigmes en déroulant ses inspirations oniriques qu’en appliquant rigueur et méthodologie. Et puis, en plus d’Adamsberg, Jean-Baptiste pour les intimes, nous retrouvons avec un plaisir non dissimulé les personnalités qui l’entourent :  l’hypersensible Danglard, Zerk  le fils adopté depuis Un lieu incertain, l’invincible Retancourt et l’autre poète du cru,    Veyrenc, jadis  rival , aujourd’hui apaisé par de dures épreuves partagées. Bref, nous entrons chez Fred Vargas munis une besace chargée de souvenirs et  d’émotions.  D'ailleurs, ce n’est pas Vargas qui nous offre un nouveau polar, ce sont les lecteurs qui reviennent d’une longue absence et reprennent le fil d’une relation attentive avec des personnages connus et appréciés. Car c’est un fait avéré dans  toutes les suites actuelles, interaction du phénomène des séries, les personnages récurrents évoluent et participent ainsi à l' addiction.

À ces retrouvailles, Fred Vargas sait concocter un nouvel écrin à sa façon. L’énigme est solidement ancrée dans un univers baroque et sulfureux. L’auteure adore flirter avec une pointe d’irrationnel qu’elle extrait d ' anciennes et savantes compilations ésotériques : la résurgence de la peste (Pars vite et reviens tard), la fréquentation des vampires (Un lieu incertain),   la piste des loups garous (  L’homme à l’envers)…  Ces peurs anciennes ligotent l’intelligence du populaire et enracinent le Mal au cœur des milieux ordinaires, parmi les gens simples que le poids des traditions et l’hérédité culturelle aliènent. Alors, Fred Vargas a beau jeu de dresser de cocasses portraits des états de l’Humain, crédules ou filous, manipulateurs ou naïfs,   tribus archaïques ou corps professionnels solidaires. On sent bien que l’écrivaine s’amuse et se délecte à lancer sur les chemins (dans nos pages fébrilement dévorées) toute une palette d’humanité en descendance directe des nouvelles de Maupassant,   à peine écornés par les observations de Bouvard et Pécuchet.

Car c’est  à nouveau en Normandie profonde que Fred Vargas implante l’intrigue de l’Armée Furieuse. Terroir  déjà parcouru par nos héros (cf. Les Bois éternels) dans lequel   Adamsberg évolue avec aisance, lui dont l’esprit brumeux s’adapte sans frisson au brouillard des superstitions.

Mais quelle est donc l’intrigue ? Je vous entends vous impatienter…
Une matriarche fragile et dépassée requiert l’aide de notre rêveur pour protéger sa tribu bien sûr et délivrer sa fille Lina du poids d’un savoir trop lourd… Une vieille légende pourfendue mais tenace empoisonne l’atmosphère d’une petite ville normande par ses morts annoncées. Un descendant de l’Armée napoléonienne incarne l’esprit et la rigueur militaires des gendarmes,   tandis qu’un vieux comte amoureux et son fils adoptif entrent en conflit… Mais les prémonitions de la pulpeuse Lina sont avérées et l’accueillante  Léo est retrouvée inanimée… C’est assez pour qu’Adamsberg s’offre un séjour insolite en campagne et démêle à sa façon sinueuse les fils d’une affaire   aussi loufoque que compliquée.
Eh non, je n’en dirai pas plus. C’est la règle du jeu n’est-ce pas, en matière de Rompol…
Ne doutez pas des  surprises et des rebondissements semés par Fred Vargas. Comme toujours,   aucune déduction n’est acquise, aucun élément n’est certain, tout est fluctuant, évanescent, ambivalent  jusqu’aux dernières lignes… De quoi  égayer et  réchauffer les froides soirées automnales qui nous attendent.

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